Le pourquoi du comment

Mémoires d'une jeunesse trop souvent oubliée !
Comprendre cette décade ne passe pas en premier lieu par les journaux, trop souvent mensongés ou trop selectifs, mais bien par les acteurs épargnés injustement.
Loin de moi l'idée de vouloir me montrer comme pourfendeur de quelque cause que ce soit: je souhaite vous donner à lire des témoignages vrais, parfois touchant de sexagénaires ou septuagénaires encore jeunes et fringants.

samedi 15 juin 2013

Questions de générations - Part II: Philippe





PRENOM: Philippe
Date de naissance: 1950
Lieu de naissance: Bordeaux
Etudes: Lettres

13/04/2013, à Thouars (Deux-Sèvres)





1. QUEL ENFANT/ADO/JEUNE ADULTE ETIEZ-VOUS ?
J'étais un enfant unique habitant dans une grande maison où vécurent quatre générations : mon arrière- grand-mère maternelle, mes grand-parents maternels et mes parents. Chacun avait son étage : moi, je vivais au premier avec mes parents et mon arrière-grand-mère qui avait une énorme chambre où trônaient des statues de saintes Vierges partout (rire).
Ensuite, autre caractéristique, j'avais reçu une éducation religieuse (ce qui nous ramène aux statues précédemment nommées) qui induisaient des pratiques religieuses, comme aller à la messe le dimanche, le vendredi saint... mais jamais de prière avant le repas par exemple. La religion oui, mais à petite dose.
1959 - Philipe accompagné de ses parents et de son arrière-grand-mère paternelle
Malgré tout, ce n'était pas une enfance solitaire parce que j'avais des cousins et cousines que je voyais fréquemment : tous les dimanches, il y avait un grand repas de famille préparé par ma grand-mère. Je n'ai donc pas souffert de la solitude. Et puis j'étais encadré par des adultes durant toute mon enfance.
Mon adolescence est restée... unique (rire). J'étais solitaire (lié à la crise de l'adolescence?) : je bouquinais énormément, donc je m'enfermais dans ma lecture, dans mon monde, mais j'y étais bien. Tous les samedis, mes parents et moi partions à la campagne, dans leur maison secondaire, et c'était pénible. J'avais envie de leur dire « merde » ! (rire).
1958 - Philippe, son père, et leur 4 CV
Jeune adulte, en 1968, c'était l'explosion ! Qu'est-ce que j'ai pu m'amuser... En tant qu'adolescent, j'étais dans un lycée de garçons. Et quand je suis arrivé à la fac, c'était mixte. Avant 68, le lycée était quelque chose de « casernal » : cravate, autorité ; le jeudi on avait le droit de fumer une cigarette à la récréation de 10h, ce qui faisait qu'on voyait une énorme masse de fumée au-dessus du lycée (rire). Quand j'étais en 7e (CM2), j'étais dans ce que l'on appelait le « petit lycée » où une cour nous était réservée, séparée du « grand lycée » par une haie basse que l'on pouvait franchir sans problèmes (mais cela ne servait à rien puisque le père Paintureau nous surveillait - sur la photo ci-dessous).

1959-1960 - Lycée Montesquieu - classe de 7eme (CM2) 
A la fac, je me suis amusé mais j'étais bosseur parce que j'aimais ce que je faisais. Mais le seul regret que j'ai eu c'est qu'habitant Bordeaux, je n'ai pas eu l'indépendance des autres étudiants de ma promotion qui venaient des villes voisines ou de plus loin.
1964 - Philippe et sa mère

2. QUEL(S) PROJET(S) AVIEZ-VOUS EN TETE ?
En 6e, le premier projet que j'ai eu c'était de faire du théâtre. Sur la fiche que l'on remplissait à la rentrée, à la question « quelle métier envisagez-vous », j'ai noté « acteur de théâtre ». Être pompier ou militaire ne m'intéressait pas.
J'ai rapidement voulu faire des études de Lettres parce que j'avais envie d'être professeur de français, je crois. J'aimais la matière et l'envie de transmettre, de manière intuitive, me plaisait.
Quand j'étais à l'école, à la place qu'occupèrent mes élèves quelques années après, je voyais mes professeurs comme des vieux ! (rire). C'était un lycée de centre-ville et ils étaient tous en fin de carrière. La moyenne d'âge était de 50 ans ! Le seul professeur jeune que j'ai eu, enseignait l'anglais. A titre anecdotique, un jour, il sortit du fond de sa poche un chausson appartenant à son fils ou sa fille : il avait 25 ans et moi 17. Je l'ai recontacté il y a deux ans et il n'en revenait pas que je me souvienne de lui.
1966-1967 - Lycée Montesquieu - classe de 1ère
Au-dessus de Philippe, se trouve le directeur actuel des Girondins de Bordeaux
3. QUESTION SENTIMENTALE :
Leny Escudero - Pour une amourette (1966)
Dire « aimer » est un très grand mot. Quand tu as 16-17 ans tu n'aimes pas, tu es bien avec quelqu'un. Le fait d'avoir été dans un lycée qui n'était pas mixte, t'oriente vers tes rencontres.
J'ai eu ma première petite copine à 17 ans. Je ne sais plus comment elle s'appelle, ni à quoi elle ressemblait, mais par contre je me souviens qu'elle avait une belle maison (rire). Mais ce n'était qu'une amourette. Ce n'était que de la camaraderie, on sortait ensemble de manière « gentille ». Et après, j'ai rencontré celle qui allait devenir ma femme, en 1967.
En matière d'éducation sexuelle, mes parents n'ont pas été performants. Mais cela correspond aussi à leur génération. On ne parlait jamais du danger qu'était de mettre une jeune fille enceinte.

4. QUEL REGARD PORTIEZ-VOUS SUR VOS AIEUX ?
Je vivais avec eux, j'avais une vie quotidienne avec mes grand-parents maternels. Mes grand-parents paternels habitaient Bordeaux, dans une autre maison. J'avais l'habitude de manger avec eux le jeudi. Il y avait des soirées belote chez moi où mes deux grand-pères jouaient pendant que mes grands-mères et ma mère discutaient et disaient du mal de leur mari respectif (rire).
Ce n'était pas des gens dont j'étais coupé, inabordables ; ils faisaient partie de ma sphère. Ils parlaient de leur jeunesse, de la guerre relativement proche, des deux guerres même.
J'avais un grand-père maternel très généreux, c'était la bonté même. J'ai eu des rapports affectifs très fort avec mes grand-parents maternels : lorsque j'étais enfant, je ne suis jamais allé à la crèche, ni chez une nourrice. C'est ma grand-mère maternel qui s'est occupé de moi. Je les considérais comme mes parents, il n'y avait pas trop de différences. C'était des adultes comme mes parents. Et, de manière rétrospective, je crois avoir eu plus de relations avec mon grand-père qu'avec mon père : je me souviens qu'il m'emmenait à la piscine pour les entraînements, tous les dimanches il m'emmenait chez le coiffeur, chez un de ses copains de foot ; il m'emmenait au stade, voir les Girondins (ça m’embêtai – rire) : à 11ans, il m'avait emmené au stade, avec ma cousine (13 ans), et nous avait acheté des cacahuètes. Et devant nous, était assis un homme, avec un chapeau, où l'on posait les épluchures dessus. Aujourd'hui, il faudrait me payer cher pour aller voir un match de foot (rire).

5. VOTRE PIRE/MEILLEUR SOUVENIR
Bien sûr, Il y a le bac mais cela reste anecdotique.
Mon pire souvenir reste le décès de mon grand-père maternel, de manière brutale, à 68 ans.
Quant à mon meilleur souvenir est que dès l'âge de 15 ans, j'allais toutes les semaines au Grand Théâtre de Bordeaux. C'est ainsi que j'ai découvert l'opéra.

6. AVIEZ-VOUS DE L'ARGENT DE POCHE ?
Je ne me rappelle plus combien on me donnait. Je sais que quelque fois, je chapardais dans le porte-monnaie de ma mère, comme tout le monde (rire). J'avais de l'argent de poche mais je ne sais pas si cela c'était institutionnalisé. C'était quelque chose de ponctuel.
En premier lieu, je m'achetais des bouquins de poche. Ensuite des P4 (cigarettes), comme je crapotais ça ne coûtait pas cher. Les disques coûtaient relativement cher à l'époque, par rapport à l'argent que je recevais.
1966 - Publicité de René Gruau pour Eau Sauvage
Philippe se rappelle de sa première "Eau Sauvage" qui tendait à "libérer l'homme" à la fin des années 1960. Et il y est toujours fidèle depuis 45 ans !
Dès l'âge de 17 ans, j'ai bossé pendant les vacances. Je me constituais un capital que je dépensais par la suite en livres et en disques.
1967 - moniteur de la colonie de vacances BP (British Petroleum) en Dordogne

7. AVIEZ-VOUS DES LOISIRS ?
Il y a eu les loisirs imposés et les loisirs choisis. Dans les loisirs imposés, il y avait le basket (« ton cousin fait du foot, toi tu feras du basket ») pendant trois ans parce que j'étais docile : j'allais au match le dimanche mais ça ne me captivait pas. Ensuite, il y eut la natation, qui ne m'a pas non plus captivé. Et la musique : le piano m'était imposé mais j'ai appris à l'aimer (grâce à Melle Mérignac). Ma mère jouait du piano, il y avait un piano à la maison, j'avais un oncle bon musicien ; donc cela faisait partie de la culture familiale. Mon grand-père paternel m'imposait d'aller chercher les champignons avec lui : je regardais en l'air plus que par terre, et quand j'écrasais les cèpes, il m’engueulait (rire).
Les soirées au Grand Théâtre de Bordeaux furent le grand loisir de mon adolescence. J'adorais aussi aller à la pêche aux écrevisses mais je me faisais aussi engueuler parce que je chantais et mon grand-père prétendait que les écrevisses entendaient (rire).
juillet 1961 - Colonie de vacances près de Mulhouse, à Willer-sur-Thur, en Alsace
(Philippe est à droite)

8. AVEZ-VOUS GARDE DES EFFETS PERSONNELS DE CES ANNEES ?
S'IL NE FALLAIT EN GARDER QU'UN, LEQUEL ?
Quand je suis parti vivre au Maroc, j'ai donné à ma cousine des caisses de bouquins que j'avais achetés depuis l'âge de 12 ans. Je pense avoir gardé mes bouquins de fac et des microsillons avec la petite valise qui va avec. Mais le fait des déménagements fait que j'ai gardé peu d'effets personnels de cette époque. Quand tu as 15 ans, tu es peu matérialiste, tu ne te projette pas, tu ne te dis pas « Ah la la ! qu'est-ce que je serais content d'avoir gardé mon scoubidou à 50 ans. » (rire).

9. UNE HISTOIRE INSOLITE ?
En 5e, durant un cours de latin, un camarade de classe fut interrogé par notre professeur. Il n'avait pas fait ses exercices et ne savait pas répondre aux questions qu'on lui posait. Le professeur prenait des colères titanesques ; il a pris un livre, le jette et c'est moi qui le prend alors que j'étais à l'autre bout de la salle. Le professeur était tout embêté mais continue son cour sans me demander comment j'allais. Et moi consciencieusement j'avais fait mes devoirs, j'aimais le latin en plus, et il m'interroge pour voir si j'avais encore toute ma tête (rire). Je me souviens que la phrase était : « les Horaces sont sortis indemnes du combat » et je ne connaissais pas le sens du mot « indemne ». J'ai sorti : « ils sont sorti idem du combat ».
Avec mon copain Éric, un franco-danois aux belles vestes en tweed, on s'achetait des stylos à encre et on grattait la plume sur une lime à ongle pour arriver à user la plume afin de faciliter l'écriture. C'est lui également qui amena une poule en amphi en fac de droit (rire).

10. UN FAIT MARQUANT A GARDER SELON VOUS ?
Il y avait eu un attentat à Bordeaux, en 1962. Un local avait été incendié à 100m de chez moi et je me souviens que lorsque mes grand-parents jouaient à la belote, ils abordaient les problèmes politiques et l'Algérie les préoccupaient énormément.
Je me souviens également très bien de la mort de Kennedy en 1963 : le consulat des Etats-Unis était ouvert et les gens faisaient la queue pour signer un cahier rempli de témoignages de sympathies. Je m'en souviens d'autant plus que, lorsque j'avais 10 ans, il n'y avait pas la télévision à la maison. Elle est arrivée chez moi l'année suivante. Donc, jusqu'à l'âge de 11 ans, les infos passaient par la radio. Et là, d'un seul coup, tu découvres le monde en images. Il y en avait moins que maintenant, bien entendu, mais les rares images que l'on avait étaient d'autant plus frappantes par leur rareté. Et puis tu avais la Marseillaise le soir avant de te coucher, lorsque les émissions étaient terminées.
11. ETIEZ-VOUS IMPLIQUE AUX QUESTIONS SOCIALES DE L'EPOQUE ?
Il y en avait peu. On était dans une société de plein emploi, de consommation. Pour moi, avec le recul, il me semble que l'on vivait dans une « paix sociale ». Est-ce que je ne voyais pas les problèmes ? C'est possible. Mais je n'ai pas l'impression qu'il y avait des problèmes comme on en rencontre aussi : le chômage, la misère, le débat sur le mariage pour tous... que les gens avaient des difficultés que l'on rencontre aujourd'hui. On était dans un contexte économique favorable : mes parents n'avaient pas le bac ; le seul à avoir le bac dans ma famille, avant moi, était mon oncle.
Je me souviens que l'entraîneur de basket me ramenait, après les matchs, le dimanche soir à la maison. Lui, était impliqué de manière sociale, ou humanitaire, puisqu'il rendait visite aux enfants de l'hôpital de Bordeaux. Je me souviens y être allé plusieurs fois avec lui et j'avais été impressionné la première fois parce que c'était des enfants installés dans ce que l'on appelle des « poumons artificiels » : sortes de sarcophages où on les enfermait pour les aider à respirer. Je pense que si j'avais eu 4-5 ans de plus, je me serais impliqué dans ce genre de visites.

12. QU'EST-CE QUI EST NOVATEUR A L'EPOQUE ?
Pour ma communion, j'avais reçu un transistor, grand comme une boîte à sucre, il avait un étui en plastique rouge.
J'avais aussi un tourne-disques que j'ai usé jusqu'à la corde.
Mon père m'a offert un magnétophone à bande pour mes 17 ans, avec lequel j’enregistrais des émissions de radio.
La télévision bien sûr, la machine à laver sans essorage automatique, les robots ménagers : je suivais les lames avec mon doigts, et un jour arriva ce qui devait arriver, je me suis coincé le doigt dans une lame. Et j'en garde encore aujourd'hui la cicatrice. J'avais le robot qui pendait à mon doigt (rire). Il a fallut prendre une tenaille pour arracher la lame.
1967 - Philippe en pleine "crise existentielle"

13. AVIEZ-VOUS SUIVI LES MODES OU ETIEZ-VOUS INDEPENDANT ?
Je suivais la mode mais pas quand j'avais 10 ans : mon arrière-grand-mère me tricotait des chaussettes grises, sur lesquels il y avait deux bandes rouge sur le côté, ainsi que des pulls.
A 15-16 ans, je portais des pulls shetland, des pantalons en flanelle, sur mesure que je faisais faire par un tailleur. J'avais un oncle qui tenait un magasin de tissus et tous les ans j'avais le droit à un pantalon en flanelle. C'était agréable à porter sauf quand il pleuvait (rire).
Mes parents étaient très classiques dans la manière de s'habiller, donc il fallait faire attention avec les couleurs : mon premier shetland jaune poussin, j'en garde un très bon souvenir.
1964

14. AVIEZ-VOUS LA TELEVISION ?
SI OUI, QUE REGARDIEZ-VOUS ?
SI NON, COMMENT COMPENSIEZ-VOUS ?
Je n'ai pas l'impression d'avoir pu choisir les émissions que je regardais. Mais ça ne me dérangeais pas. On avait la télévision dans la salle à manger. Jusqu'à l'âge de 14 ans, je m'étais installé un coin lecture sous la table de la salle à manger (rire). J'étais dans ma « cabane » avec des coussins, mes bouquins de la collection Rouge & Or et la télé en face de moi. Si bien que je ne la regardais pas.
En plus de ça, la télévision ne m'a jamais vraiment passionné.

15. QUEL CHANSON VOUS VIENT EN TETE A L'EVOCATION DFE CES ANNEES-LA ? POURQUOI ?
Lucky Blondo - Jolie petite Sheila (1962)

Frank Alamo, Sheila, Sylvie Vartan, Barbara... Je n'étais pas du tout Johnny Hallyday, ni Beatles. J'aimais les airs mais je ne comprenais pas les paroles, ça m'agaçait ! Je n'aimais pas le rock non plus. J'étais plus chanson française. Finalement, j'étais hors-norme : quand je disais à mes copains que j'écoutais Barbara, ils me regardaient avec des grands yeux ahuris (rire).


16. A CONSEILLER
LIVRE : je  me souviens que j'avais du mal à lire Balzac, à me mettre dedans. Je lisais pas mal de pièces de théâtre dont l'Alouette d'ANOUILH, et le théâtre classique comme Phèdre. Je le relis encore aujourd'hui avec plaisir.
FILM: J'ai du voir 25 fois West Side Story. C'est un incontournable !
ARTISTE EMBLEMATIQUE : en artiste de variété Barbara, la soprano américaine Teresa STICH RANDALL et la soprano autrichienne Gertrude GROB-PRANDL que j'avais vu à 16 ans dans la Tétralogie de Wagner.



17. AVANTAGE(S)/INCONVENIENT(S)
L'avantage est que tu te laissais porter par l'histoire et qu'à l'époque il n'y avait pas de problèmes. Je vivais dans un cocon, d'autant plus que si mes parents m'engueulaient j'allais voir mes grand-parents et inversement. J'avais toujours une bouée de sauvetage.
L'inconvénient pour moi était d'être fils unique parce que toute l'attention tombe sur toi, notamment lorsque tu fais des bêtises. Tu ne peux rien partager (même pas ta bêtise - rire). J'aurais aimé avoir un frère ou une sœur, mais je ne n'en ai pas souffert. C'était rare d'être fils unique.

18. AVEC LE RECUL, QUEL REGARD PORTEZ-VOUS SUR CES ANNEES ?
Un regard bienveillant, mais j'ai préféré les années 1970 aux années 1960. D'une part parce que je suis devenu autonome, indépendant : quand je suis parti faire mes études à Paris, je me suis installé dans une petite chambre mais j'étais heureux
1966 - Philippe et son père prennent la pose

19. UN CONSEIL A DONNER A LA NOUVELLE GENERATION ?
La franchise, l'honnêteté et la sincérité qui sont les bases essentielles de tout rapport humain.
Dans les années 1960, il y avait le poids de la société qui devait « normaliser » les relations avec les gens. Il y avait le « qu'en dira-t-on », le « ça ne se fait pas », le « ne dis pas ça c'est pas bien », etc... Par exemple, tout ce que l'on faisait en Algérie, on ne le disait pas ; on ne parlait pas non plus de la Seconde Guerre Mondiale, c'était un sujet trop frais, trop récent, qui laissa des marques profondes. Mais ça venait progressivement. L'essentiel de tout rapport humain est de se dire les choses en face. C'est une pensée profonde que j'ai toujours portée.


20. UNE QUESTION A ME POSER ?
Est-ce que tu aurais aimé vivre dans les années 1960 ?
Je ne peux pas émettre un avis subjectif puisque l'éducation que je me suis bâtie concernant les années 1960, ne peut être qu'édulcorée. Les médias, les ouvrages textuels, toutes les formes d'information que nous avons sous la main aujourd'hui, ne nous montrent qu'une part sans doute infime de ce qu'étaient les années 1960 en France, ou même dans le monde. Je n'ai donc, en majorité, que cette vision, même si j'essaye forcément d'aller plus loin dans mes recherches.
Donc, pour tenter de répondre à cette question je dirais oui puisque j'aurais aimé connaître l'effervescence qui émanait de cette décade ; effervescence qui a explosée en 1968, mais c'est une bombe à retardement les années 1960. Donc, « le début de la fin » se concentre au milieu des années soixante, ou sans doute lorsque l'on crée le statut d'adolescent qui permet à une minorité de gens de se faire entendre (d'une oreille). J'aurais donc aimé y vivre mon adolescence.

Je remercie Philippe pour sa patience, sa gentillesse et sa bonne humeur. Il m'a également autorisé à publier ses photos, veuillez donc respecter les publications personnelles faites sur cet article.

LN

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